De l’inégalité au décalage numérique

La Fondation du Travail-Université (FTU) a publié une étude portant sur les jeunes off-line et la fracture numérique : Les risques d’inégalités dans la génération des' natifs numériques’.

Cette étude à été présentée au Sénat lors du Colloque sur la Fracture Numérique du  mardi 2 Mars organisé par le groupe parlementaire informel “ATD Quart Monde, Inclusion Sociale” en partenariat avec Technofutur TIC, Vlaams Steunpunt Nieuwe Geletterdheid et l’asbl Banlieues

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Public cible ?

Etude porte sur les jeunes de 16 à 25 ans, cette tranche d’âge de jeunes adultes a été encore peu étudiée. C’est une période de transition scolaire où l’on acquiert de l’autonomie.

Deux constats préalables

La FTU s’est redirigée vers les acteurs de terrain les centres de formation, les Epn afin de son étude. Les contacts avec les acteurs de terrain ont vite débouchés sur un premier constat :

cette tranche d’âge est très faiblement incluse numériquement et les centres de formation ne travaillent pas avec ces jeunes défavorisés. Les chercheurs ont dès lors élargi l’enquête aux Centres d’Aide à la Jeunesse (CEFA, AMO,..)

et établi un second constat : il y a un manque cruel de sensibilisation. Le mythe qui consiste à dire que ils sont jeunes donc ils connaissent les Tics demeure ancré dans l’imaginaire des formateurs et organismes publics. Quelques chiffres illustrent l’utilisation des Tic par les jeunes :

  • 75 % ont une utilisation assidue
  • 6% ont une d’utilisation hebdomadaire
  • 9% ont une utilisation occasionnelle voire une non-utilisation

Vu le peu d’utilisateur occasionnelle et de non-utilisateur, dit « Jeunes Offline », le risque de marginalisation est bien présent. L’étude remarque que le public offline est généralement moins diplômé et davantage masculin. Cet écart est aussi lié à la faible culture numérique des parents et à l’organisation familiale de l’outil informatique dans l’espace privé : un pc placé dans le salon et non dans une chambre va davantage freiner l’usage de ces jeunes. Certains groupes sociaux (semi) nomades seront aussi davantage exclu du monde numérique, à l’image des gens du voyage.


De l’inégalité au décalage numérique

Sur base de ces 2 constats les chercheurs décide de choisir d’élargir la notion de son objet d’étude. L’analyse des inégalités numériques ne se limitera pas aux jeunes offline, elle portera aussi sur la nature et la portée des usages d’une part et sur la qualité d’accès de la connexion internet. Au niveau des usages, on observe une segmentation des usages d’internet que l’on peut différencier entre les usages ludiques et les usages professionnels.

Les usages des jeunes diffèrent des attentes du marché de l’emploi. Les jeunes sont férus de réseaux sociaux, de chat, de jeux en ligne ou en local. La fracture numérique se situe ici dans le décalage entre les usages et les attentes et non pas au niveau de l’accès à la connexion. On aboutit à la coexistence de deux mondes numériques qui ne se côtoient pas et à un écart entre les compétences numériques connues de celles attendues :

  • 36 % des jeunes sont capables de réaliser des tâches élémentaires
  • 33 % estiment leurs compétences informatiques insuffisantes
  • 50 % en moyenne des wallons et de Bruxellois estiment leurs compétences insuffisantes pour 27% en Flandre.

Quel que soit le degré de familiarité des jeunes avec les TICS, ils sont nombreux à considérer que leurs compétences ne sont pas suffisantes par rapport aux exigences du marché du travail.

Recommandations et défis pour l’avenir

Parmi les défis à relever, la FTU suggère de construire des passerelles entre les jeunes et le monde de l’emploi. Le terme inégalité numérique ne prend pas en compte le concept de décalage numérique. Le mythe qui définit les jeunes comme ipse facto des connaisseurs du net doit être abandonné et les Pouvoirs publics et les organes de formation doivent mettre en place des cadres d’apprentissage afin de combler le fossé. Un tarif attractif pour les jeunes devrait être proposé aux jeunes par els Fournisseurs d’accès.

Des campagnes de sensibilisation sur les avantages des TICS doivent être mises en évidence davantage que les dangers inhérents à l’outil. Cette valorisation des Tics passera indéniablement via le monde scolaire et les apprentissages. Cela sous-entend une valorisation et une appropriation de l’outil de la part des enseignants afin qu’ils amènent les jeunes à dépasser les limites de leurs propres univers mais en valorisant l’outil. Il sera aussi nécessaire dans à l’avenir, de développer des plateformes destinées aux jeunes avec un langage qui leur est propre.

Les entreprises doivent tenir compte du décalage entre l’univers des jeunes et les compétences numériques attendues. Pour ce faire, une sensibilisation forte aux métiers du web, à leurs réalité, leurs filières de formations pourra tisser un des ponts entre les deux mondes.

C'est l'objectif de CompeTic, nous invitons d'ailleurs à participer à la matinée de découverte des métiers du Web le Mercredi 17 mars aux REWICS à Charleroi

Télécharger l’étude FTU sur les jeunes offline et la fracture numérique en Belgique

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Auteur:Métiers du Web

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