Architecte de l’information : Cédric Brandelard – interview

Architecte de l’information, c’est l’autodéfinition de Cédric Brandelard, ce magicien de l’user-experience. Interview avec un pro du UX design.

Qu’est-ce qu’un architecte de l’info ? Quelles compétences faut-il pour ce métier ?

Information architect Cédric Brandelard

Cédric Brandelard, architecte de l’information

 

« Le métier d’architecte de l’information demande une bonne vue sur l’ergonomie, le webdesign, la programmation et l’e-marketing. Les interfaces sont conçues en fonction du contexte : la plateforme (PC, smartphone, tablette, TV, etc.), du public-cible… On doit réfléchir aux interactions des internautes avec la plateforme digitale, leurs besoins, leurs attentes, et dans quelles circonstances ils veulent accéder à une information.

Il n’y a actuellement, en Belgique francophone, pas de formation pour le devenir (que je sache).

Le skill le plus important, c’est l’empathie. Il faut comprendre comment la personne fonctionne. Des connaissances en psychologie cognitive sont plus qu’un atout. Il ne faut pas être programmeur. Mais mon background en programmation m’aide à comprendre comment l’information est structurée derrière l’interface, et e mieux expliquer les interactivités des internautes aux programmeurs chargés de faire le développement du site. »

 

Comment êtes-vous devenu architecte de l’information ?

« Je suis analyste programmeur à la base. Très autodidacte, j’ai beaucoup appris par moi-même avant de suivre une formation longue en webdesigner – qui à l’époque comprenait l’infographie, la programmation, le copywriting… Il s’agissait, à l’époque, d’une formation innovante, fruit d’un partenariat entre la Wallonie et la Champagne-Ardenne. Ensuite, j’ai fait un stage de trois mois chez Défimédia (c’était IMmédia à ce moment-là). Tout ça entre 2003 et 2004. Le stage a été vraiment le moment le plus intéressant.

Par après, j’ai travaillé à Technofutur TIC comme Conseilleur IT pour les PME. Avec Christophe Hendrick (mon actuel associé chez Yieldow), on sillonnait le Hainaut et le Brabant Wallon. Nous accompagnions les entreprises dans leur digitalisation : CRM (gestion clientèle), ERP, Intranet, site… C’est à Techno que j’ai développé mes connaissances en e-marketing. C’est un sacré plus pour l’architecture de l’information.

En 2007, j’ai été engagé par Emakina à Bruxelles. C’est que je suis devenu architecte de l’information. J’ai pu y développer toutes mes compétences. Au début, ça a été vraiment dur. La différence de niveau était gigantesque. Mais ma carrière a fait un grand bond en avant.  J’ai travaillé pour les plus grands comptes : Electrabel, ING, Delhaize, Proximus, Belgacom, GSK…

Chez Emakina, je travaillais notamment avec des « strats » (spécialistes en stratégie de marketing), des vraies brutes. Ils définissent avec le client quelle stratégie adopter. Cependant, bien que les clients comprennent et valident les stratégies recommandées, ils ont régulièrement besoin de VOIR, d’avoir un aperçu, quelque chose de plus concret.  Je pouvais leur montrer ce qu’on leur proposait.

J’étais aussi là pour faire rêver les clients

J’ai fait ça jusqu’à fin 2010. C’est alors que je me suis lancé dans la création de Yieldow avec Christophe Hendrick (Digital Strategist) et Philippe Hoevenaeghel (Search Engine Marketer). Nous optimisons la performance digitale de nos clients par un processus qui gravite autour du parcours consommateur/utilisateurs.

Ce qui nous différencie, c’est notre approche holistique. En combinant nos trois « regards » sur une même problématique, nous apportons bien plus de valeur qu’en les additionnant les uns derrière les autres comme on peut le voir classiquement dans la plupart des agences web. Nous faisons du consulting et on nous donnons également des formations. »

 

Comment est le marché de travail des architectes de l’information ?

« Le poste d’architecte de l’information est vraiment très spécifique. Ce profil ne se retrouve en général pas dans les PME, où l’on préfère avoir du personnel plus polyvalent. Les architectes de l’information travaillent soit en agence, soit dans des grosses boîtes. By the way, ce n’est pas forcément en agence que l’on gagne le plus ;-). Les gros sites e-commerce ou les grandes entreprises avec une présence forte sur Internet seront probablement plus intéressants financièrement. »

 

Quel avenir pour un architecte de l’information ?

« Le métier d’architecte de l’information a beaucoup, beaucoup d’avenir.

L’information sera présente à tout moment et partout dans un futur proche. Cela a déjà commencé, mais cela ne fera que s’amplifier. Il faudra donc quelqu’un pour analyser et comprendre le contexte des utilisateurs. Quelqu’un qui définira comment, pour filtrer les informations ou fonctionnalités qui ne sont pas indispensables, mettre en avant celles qui le sont selon la personne, le contexte, le moment, le lieu. « Hey, utilisateurs, vous pouvez toujours avoir toutes les infos, mais je vous propose d’abord ceci, puisque c’est probablement ce que vous cherchez là, ici, maintenant ».

Il faut arrêter de penser multicanal. Il faut penser cross-canal.

Notre métier – tout comme la grande majorité des métiers liés au digital- est en train de muter profondément. Il faut arrêter de penser multicanal. Il faut penser cross-canal. L’utilisateur commence à lire un article sur son smartphone en attendant le bus. Il termine de le lire le soir à la maison sur sa tablette. Le lendemain, il veut l’envoyer à ses collègues au travail avec son PC. Il y a changement de lieu, de plateforme, mais cela doit rester la même proposition de valeur. Chaque contexte demande une adaptation des informations et des interfaces. C’est pour cela que la demande en d’architectes de l’information sera de plus en plus croissante. Les webdesigners auront besoin de plus de connaissances en ergonomie. Et les architectes en e-marketing. »

 

Des conseils ?

« Pour ceux qui suivent des formations, je dirais de toujours garder un regard critique par rapport à ce qui leur est transmis. Il y a des nuances que les formateurs n’ont pas forcément le temps d’exprimer en un jour ou deux. La vérité, elle aussi, est une affaire de contexte. Il faut remettre en question, contextualiser par rapport à l’exemple cité, challenger avec ses propres connaissances et son expérience, combiner avec d’autres disciplines pour innover. Bref, aller plus loin.

Comme pour tout métier, il faut également se tenir à jour, faire une veille constante.

De mon côté, je suis quelques grands gourous comme Jesse James Garrett, Peter Morville ou encore Luke Wroblewski pour ne citer qu’eux. En France, il y a Amélie Boucher et Fred Cavazza qui font un travail très intéressant. En Belgique, mes anciens collègues Koen Claes et Laurent Goffin sont pour moi parmi les plus inspirants. Mais il y en a des tas d’autres qui valent également la peine. »

Cédric Brandelard

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Lilian White

Auteur:Lilian White

Je ne suis ni Brésilienne, ni Belge, mais une citoyenne du monde numérique. Mon bonheur, c'est le plaisir sans remords de taper sur le clavier, et d'écrire.
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